Fuir l'éducation rigide. Redouter l'éducation laxiste; sous pressions extérieures, culpabilisantes; peur de l'enfant dit roi/ enfant monstre redouté! L'éducation dite nouvelle? Oui, mais à quel prix? Au prix de la culpabilisation? De parents épuisés?
Aujourd'hui, je vais jouer le jeu du médiateur qui essaie de comprendre pourquoi en 2021 nous arrivons à parler de culpabilité éducative, qui dans le pire des scénarios se conclue par, ce qu'on appelle aujourd'hui, le burn out parental.
La Culpabilité éducative
"Il faut tout un village pour élever un enfant."
Proverbe africain
Fuir l'éducation rigide. Redouter l'éducation laxiste; sous pressions extérieurs, culpabilisantes; peur de l'enfant dit roi/ enfant monstre redouté!
L'éducation dite nouvelle? Oui, mais à quel prix? Au prix de la culpabilisation? De parents épuisés?
Aujourd'hui, je vais jouer le jeu du médiateur qui essaie de comprendre pourquoi en 2021 nous arrivons à parler de culpabilité éducative, qui dans le pire des scénarios se conclue par, ce qu'on appelle aujourd'hui, le burn out parental. Et le sujet est tellement complexe, qu'il pourrait ressembler à un procès politique.
Pour commencer j'aimerais citer Dr Catherine GUEGUEN, pédiatre, qui dans l'introduction de son livre "Pour une enfance heureuse" écrit:
"Les astronomes qui tentent de comprendre l'univers et scrutent les étoiles, la Lune, le Soleil, les nébuleuses, la Voie lactée, les trous noirs ne cessent de s'étonner face à la magie et au mystère du cosmos. Et plus leurs connaissances avancent, plus la complexité de l'univers les impressionne et les émerveille.“
J'aime cette métaphore, qui reflète exactement ma vision de l'enfant et de sa famille dans notre société. Ce point de vue me donne envie de comprendre, de nous comprendre malgré les difficultés qu'on rencontre dans l'univers de l'enfant.
Le dictionnaire nous propose beaucoup de mots complexes pour décrire un sentiment difficile à exprimer.
Culpabilité: "État plus ou moins angoissé et morbide, sentiment douloureux et normal qu'éprouve un sujet à la suite d'une faute réellement commise dont il se sent coupable et responsable parce qu'elle représente la transgression d'une valeur, d'une règle qu'il a intériorisée et reconnue valable; comportement qui en découle et qui caractérise principalement des réactions d'agressivité projetées chez autrui ou dirigées contre soi-même dans l'autopunition, l'auto-accusation et l'autodestruction."
Mais pourquoi arrive-t-on a ça? Pour moi le sentiment de culpabilité est réveillé par deux mouvements. Un mouvement interne: la conception que je me fais de l'éducation. C'est à dire que j'aurais tendance à culpabiliser parce que je n'ai pas fait ce qui selon moi était bon pour l'enfant. Parce que je me suis fiée à des facteurs extérieurs.
Et donc le deuxième mouvement est externe: ce qui est extérieur à ma conception de l'éducation. Que je ne me suis pas approprié, qui n'a pas encore de sens pour moi et qui me fait culpabiliser parce que je n'arrive pas à le mettre en place ou que je n'ai pas envie de le mettre en place.
Des facteurs extérieurs, il y en a beaucoup. Je dirais qu'il y a deux groupes de facteurs: historico-culturel et informationnel
Facteur Historico-culturel :
Chronologiquement, les mœurs ont changé durant ce siècle et ont fait évoluer notre relation à l'enfant.
Mais en parallèle émergent pressions, confusions, amalgames qui viennent engendrer la culpabilité chez l'adulte qui s'occupe de l'enfant.
En fait, c'est à l'aube du 21ème siècle que l'enfant commence à être considéré comme une personne et à avoir des droits. Je n'arrive pas à imaginer que j'étais sur le point de naître quand on a reconnu la douleur chez l'enfant. Ou quand la Convention des droits de l'enfant à été adoptée. Et c'est il y a à peine un demi-siècle que le travail des enfants à été limité, réglementé.
Il vient de se passer quasi un siècle que j'ai appelé siècle passerelle entre l'avant et l'après ou de l'enfant pas vraiment considéré, on est passé à une estimation de l'enfant doté d'un plein potentiel dont il faut prendre soin pour optimiser l'adulte qu'il sera dans une société en devenir.
Alors, on, c'est à dire des scientifiques, des philosophes, des sociologues, des psychologues, des pédagogues et j'en oublie, ont transcrit leurs thèses sur l'enfant et tout ce qui le concerne.
Et nous voilà face à une pile de bouquin à potasser pour éviter de reproduire des faits pas très lointains et déprogrammer pas mal de nos réflexes éducatifs.
Nous ne voulons pas reproduire les erreurs de nos parents? Oui parce qu'à côté de ça il se crée dans certaines familles, pour ne pas dire toutes, restons optimiste, une sorte de mise en doute de l'éducation que l'on a reçue de nos parents ou grands parents.
En parallèle avec ce phénomène facteur historique, toujours dans la chronologie, la société a évolué. Un sentiment de solitude est né dans une organisation sociale où entre autres nos parents, nos mères en l'occurrence travaillent jusqu'à tard, mais aussi nous ne vivons plus les uns avec les autres.
La question n'est pas d'émettre un avis sur ce phénomène mais de me rappeler du proverbe africain: "ll faut tout un village pour élever un enfant“. Mais comment fait ont quand tout le monde a déserté ce village? Quand on n'a plus de relais pour nous soutenir dans notre apprentissage de parent.
On a l'impression, le sentiment, ou le souvenir qu'il s'agirait de savoir s'occuper des enfants avec évidence, naturellement.
Vous vous rappelez du jardinier ou du tuteur dans notre rendez-vous Coopération versus Obéissance? Posture/Observation/Ecoute/Communication
Ce n'est pas si simple...
Nos activités sont parfois bien détournées, éloignées du caractère naturel de l'humain. Parce que pour couronner le tout, nous vivons dans un système où l'activité humaine va vite; bien trop vite; plus vite même que sa propre hôtesse, la planète, qui elle même, dépassée, lutte à se régénérer.
La performance. La performance au travail, dans le couple, dans la famille. Paradoxe d'être hyperactif dans toutes les tâches à accomplir, mais dans les faits, ne pas vraiment avoir l'impression d'être là, présent, concentré, avec nos enfants.
Performance: Génération Y et Z et l'émergence de la commande où on appuie sur un bouton et on reçoit une réponse quasi instantanément.
Oui, sauf que ce qui n'est pas évident dans le sujet qui nous concerne, c'est qu'on a un rapport à l'humain, qui plus est à notre progéniture.
Et en plus, grâce à la contraception et au droit à l'avortement on a fait le choix d'avoir un enfant. Mais on n'a pas le mode d'emploi.
Pour résumer, comme dit Dr Gueguen, „les contraintes quotidiennes, le travail, les méconnaissances de ce qu'est un enfant, de qui est leur enfant, la profusion des avis, l'éducation reçue, l'isolement social peuvent rapidement mettre à mal la relation que les parents entretiennent avec leur enfant.“
Et aujourd'hui, en temps de crise sanitaire, d'une part le confinement intensifie notre isolement, et d'autre part, qu'on y adhère ou pas, l'école à la maison vient s'ajouter aux tâches des ménages.
Après un état des lieux qui plombe bien l'ambiance, cerise sur le gâteau, voici la définition du mot éducation. Vous êtes assis?
"Art de former une personne en développant ses qualités physiques, intellectuelles et morales, de façon à lui permettre d'affronter sa vie personnelle et sociale avec une personnalité suffisamment épanouie. Connaissance et pratique des bonnes manières de la société. Moyens mis en œuvre pour assurer cette formation."
Ouah l'angoisse! La pression! Le stress!
Perte de sens _ insécurité du changement _ préoccupation
Après en avoir chopé le vertige, on a maintenant le sentiment de n'avoir comme choix que d'accepter l'insurmontable.
Alors c'est sur notre temps libre, chacun de chez soi, seul, qu'on va s'accrocher à des informations, là où on les trouve toujours avec la bonne intention de trouver l'épanouissement de notre enfant, de notre famille, dans notre société.
J'aimerais maintenant passer au facteur de culpabilité extérieur informationnel:
Heureusement, nous sommes de plus en plus nombreux à les pointer du doigt. Les images sur les réseaux sociaux et dans les publicités de puériculture. Une pression culpabilisante décuplée par ces images parfaites qu'on nous vend.
La perfection peut-elle réellement exister sous forme de norme conventionnelle? Est-ce qu'on a pas tous notre définition de la perfection?
Une pile de bouquins à potasser: à la recherche de mode d'emploi, recette, catalogues des bonnes conduites.
Je pense que les auteurs de nombreux ouvrages si ce n'est tous ont pour objectif commun de rendre accessible à nous tous les découvertes récentes sur l'enfant. Malgré „les mots savants qui semblent appartenir à une élite“. Je reprends les mots de ce fameux papa qui trouve ces ouvrages inaccessibles pour la plupart d'entre nous. C'est vrai que certaines formulations du siècle dernier nous demandent souvent de nous asseoir et de remettre les choses dans le contexte d'aujourd'hui.
Alors on voit naître des conseils, des normes, des instructions: ne pas asseoir son enfant avant qu'il en soit capable, ne pas laisser son enfant pleurer, ne pas dormir dans le même lit que son bébé, ne pas, ne pas, ne pas.
Sauf que encore là, ce n'est pas si simple. On ne peut pas copier et coller ces écrits, ces influences extérieures. Parce que chaque enfant, chaque adulte et chaque relation est unique.
Dans l'introduction du livre "Il n'y a pas de parent parfait", Isabelle Filliozat dit que „la vie psychique des enfants est complexe. La vie psychique des adultes aussi. La relation entre les deux, plus encore. Nos enfants nous parlent de nous. Leur histoire commence par la nôtre.“
Donc avant de pouvoir s'approprier et appliquer quoi que ce soit, il faut observer, écouter, prendre conscience, comprendre, connaître, intégrer: soi même et l'enfant.
Je repense à mon jardinier et mon tuteur de notre rendez vous du mois dernier. C'est un peu comme quand on attend la coopération d'un enfant. Il ne saura le faire que s'il a compris et intégré la règle. Sinon, il ne saura qu'obéir sans en comprendre le sens.
Ca ne nous facilite pas la tâche, adultes, on va devoir se confronter à nos blessures, nos automatismes... Vous vous rappelez de cette phrase? Pourquoi ne pas dire que là c'est dur pour nous aussi. Il est donc important de se comprendre pour comprendre l'autre.
Attention! Je nous vois venir! Hors de question que nous nous mettions à culpabiliser de ne pas avoir compris avant ou culpabiliser de culpabiliser.
Isabelle Filliozat nous dit “Faut-il se montrer tolérant envers soi-même en tant que parent? La tolérance envers ses propres comportements destructeurs et le sentiment de culpabilité sont en réalité souvent concomitants (inséparables). Je préfère militer pour remplacer la tolérance pour un vrai respect de soi. C'est-à-dire, sans tolérance aucune, regarder ses comportements excessifs comme tels, mais sans jugement sur sa personne. On peut se dire: “Si j'agis comme je le fais, c'est que j'ai des raisons pour cela. Reste à découvrir ces raisons pour mieux retrouver ma liberté de me comporter comme je le désire vraiment.“
C'est sur que c'est plus vendeur de parler de recette magique que de dire la misère d'où l'on vient. Je ne sais pas si les grands pédagogues ont été de bons parents et j'ai envie de laisser cette question en suspend pour respecter l'intimité de leur famille.
Nous avons tous un idéal. Je mets ma main à couper que comme nous tous qui essayons de comprendre et d'appliquer leurs propos, les grands pédagogues ont eux écrit tous ces livres dans l'espoir d'apporter leurs connaissances, leurs expériences pour changer, améliorer la prise en charge de l'enfant dans sa famille et dans sa société.
La formation et la réflexion sont continues. La pédagogie n'est pas finie. Elle évolue avec son temps. Elle est en réflexion permanente pour s'adapter aux enfants; tous différents. Tout le monde a sa place dans la réflexion; chaque individu a une pensée différente.
C'est super! On va pouvoir redevenir acteur de l'éducation de l'enfant ! Nous voila rassurés, tous ces mots ne suppriment pas notre caractère, notre parentalité unique, notre personnalité, nos valeurs!
Mais s'il y a une chose que j'aimeraissur la culpabilité éducative, c'est cette phrase: ne restez pas seul!
Mais s'il y a une chose que j'aimerais que vous reteniez de ce monologue sur la culpabilité éducative, c'est cette phrase: ne restez pas seul!
La communication, la parole; elle nous permet de formuler notre sentiment de culpabilité, prendre du recul , voir et observer ce sentiment, vraiment, sans aucun jugement. Déjà là vous verrez ce sentiment diminuer.
Pour en parler, choisissez une personne de confiance: un parent, une amie, votre sage-femme, votre coach. Capable de vous écouter activement et j'insiste, sans jugement.
Ensuite, apprenons à débrancher, déconnecter: prendre le temps de vivre avec nos enfants. Que nous soyons un astronome face au cosmos ou un jardinier face à la nature, le travail autour de l'enfant est laborieux.
S'occuper d'un enfant c'est concret. Un ami m'a soufflé ce mot „concret“, pédagogie concrète.
Parce que je souhaite adapter sur mesure, une approche qui conviendra au besoin de chacun dans son individualité, en faisant appel à ce qui a du sens dans son propre contexte familiale. Parce qu'une méthode convient à l'un mais pas forcément à l'autre, à un moment mais pas à un autre.
En attendant notre prochain rendez-vous, je souhaite aujourd'hui vous remercier tous pour votre lecture, mais aussi parce que ce contenu est inspiré de vous. C'est vous qui êtes à l'origine des articles.
"A l'enfant qui vit, à l'adulte qui réfléchit."
Inspirations bibliographiques:
-Pour une enfance heureuse: repenser l'éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau, Dr Catherine GUEGUEN
-Il n'y a pas de parent parfait: l'histoire de nos enfants commence par la nôtre, Isabelle FILLIOZAT
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